28 jan 2019
Un puits de carbone pour remplacer les arbres ?
Trois puits de carbone artificiels ont été mis en expérimentation, à Paris, Colombes et Poissy.
C’est une invention qui a de quoi séduire les grandes villes. Trois puits de carbone ont ainsi été mis en expérimentation, à Paris, Colombes et Poissy. Le puits travaillerait comme cinquante arbres. Bravo, mais de là à concurrencer une forêt ?
Que penser des puits de carbone artificiels ?
Il faut saluer l’ingéniosité des hommes, aussi prompts à polluer qu’à dépolluer, à meurtrir la nature qu’à l’embellir et la magnifier. Nos villes sont emplies de CO2 ? Qu’à cela ne tienne, inventons des puits de carbone. L’idée est très maline et le concept semble fonctionner, même si c’est un peu moins qu’espéré, comme l’a expliqué Stéphane Cordier, directeur de l’activité Eau et des infrastructures de traitement Suez en Ile-de-France au Parisien.
Il s’agit de disposer une borne ressemblant à un petit kiosque à un endroit où la concentration de CO2 est forte, comme place d’Alésia à Paris. Le CO2 y est absorbé et purifié par de micro-algues qui, à leur tour, sont rejetées dans les réseaux d’assainissement où elles favorisent la production d’énergie verte.
Les arbres sont les meilleurs puits de carbone terrestres
A l’instar de Jean-Pierre Grenier, membre de l’association de défense de l’environnement Non aux projets inutiles en vallée de Seine (Nopivals), saluons la performance technique et l’efficacité du puits de carbone, mais restons sur nos gardes : il ne faudrait pas que les puits de carbone tendent à remplacer les arbres.
Quand bien même le puits de carbone ferait le travail de cinquante arbres, la mairie de Poissy l’a loué 20 000 euros pour une seule année. Planter des arbres coûte moins cher et ils restent sur pied plusieurs décennies. Par ailleurs, il n’y a pas plus naturel qu’un arbre et quand bien même le puits de carbone ferait fonctionner un circuit écologique, l’appareil cylindrique d’environ deux mètres de haut n’est pas fabriqué dans des matériaux proprement écologiques et naturels.
Enfin, l’esthétique d’un arbre est incomparable à celle d’un puits de carbone, de même que ses qualités secondes et intrinsèques. Nul puits de carbone ne procurera l’ombre et la fraîcheur d’un arbre en été. Nul puits de carbone n’abritera le chant des oiseaux, n’accueillera le bourdonnement des abeilles, n’émerveillera le regard et n’offrira cette douceur qu’un bout de nature en pleine ville procure aux humains.
Les innovations sont bienvenues, qui nous permettent de lutter contre la pollution et le réchauffement climatique, mais prenons garde de ne pas substituer à la nature ce qu’elle nous offre gratuitement. En ville, plus qu’ailleurs, les arbres sont essentiels : ils purifient l’air et adoucissent les mœurs.
